Maria Dasca (a Écrivains de la Catalogne, dins la revista Europe, núm. 1007. Març de 2013)
(…) En dernier lieu, d’autres romanciers sont les héritiers de la littérature expérimentale des années soixante-dix, en particulier à travers l’usage qu’ils font du pastiche et du récit autoréférentiel. Parmi les auteurs qui font partie de ce courant littéraire favorisant la stylisation de la prose et la réflexion ontologique au détriment de la narrativité, on citera Pasqual Farràs, Miquel Bauçà, Josep Palàcios et Manuel Baixauli.
L’œuvre de Pasqual Farràs s’inspire des formes propres de la tradition littéraire centre-européenne de l’entre-deux-guerres (en particulier de Musil dans son roman Le surveillant et les choses, 2010)
Pasqual Farràs est né en 1959. Auteur de deux fictions troublantes, quasiment hypnotiques, les romans La mort del fabulador (Barcelone, Quaderns Crema, 1999) et El vigilant i les coses (Barcelone, Edicions de 1984, 2009), Pasqual Farràs scrute certains problèmes qui taraudent la pensée contemporaine. À travers une énonciation ironique, ses œuvres tournent autour des règles du monde et des critères qui permettent de les représenter, en créant un personnage perplexe, décalé. Parmi les témathiques explorées par Pasqual Farràs, on relève en premier lieu la discordance entre l’être et son image, mais aussi celle du doble et de l’impossible ubiquité. Situés dans des espaces abstraits, les héros de ses romans, incapables de vivre totalement, ou de s’assumer tels qu’ils sont, se voient contraints de se dédoubler en des personnages sur lesquels ils projettent toutes leurs possibilités d’existence.